Redoutée par les professionnels, mal acceptée par les parents, la morsure est pourtant un phénomène fréquent de la petite enfance. Les jeunes enfants mordent la vie à pleines dents, mais pas toujours à bon escient !
Pourquoi les touts-petits mordent-ils ?
Les bébés peuvent mordre pour plusieurs raisons et, même si cette action est ressentie comme agressive, il n’est pas évident qu’elle le soit toujours pour le bébé qui vient de mordre.
Il mord parce qu’il a mal aux dents :
En période de poussée dentaire le bébé peut souffrir des gencives. Mordre est alors une manière de se soulager et comme il ne fait pas forcément la différence entre l’anneau dentaire, le jouet, l’objet ou le bras du voisin, alors il est possible qu’il morde aussi ce dernier.
Il mord parce qu’il découvre :
On le sait, les bébés mettent tout à la bouche. De ce fait, cette dernière est aussi appelée la troisième main du bébé. Le problème, lorsque le bébé a des dents et qu’il porte les objets à sa bouche, c’est qu’il peut les mordre. Il fait pareil avec la main qui traîne à côté de sa bouche.
Il mord parce qu’il goûte :
On pense aussi que la bouche donne accès aux odeurs et que l’odorat, sens très développé chez le bébé, lui permet de découvrir et d’analyser son environnement. Quelquefois il va un peu plus loin dans la découverte sensorielle. Il mord quel que soit ce qu’il a dans la bouche…et cela peut être un doigt !
Il mord parce qu’il aime :
C’est le fameux, je t’aime, je te mange…Le bébé aussi aime très fort et est prêt à dévorer celle et ceux qu’il aime. La morsure peut aussi être un acte d’amour. Certains bébés mordent leurs parents.
Il mord parce qu’il se défend :
Lorsque plusieurs jeunes enfants jouent, il est possible que l’un veuille se saisir de l’objet que l’autre a dans la main. Le bébé qui se défend crie généralement et tient fortement l’objet en question dans ses mains. Mais cela ne suffit pas toujours et comme ses mains sont trop occupées, il utilise sa bouche pour mordre et faire lâcher prise à l’autre enfant.
Il mord parce qu’il veut un objet :
A l’inverse lorsqu’un enfant veut absolument l’objet possédé par un autre et que ce dernier ne veut pas le lâcher, il le mord pour l’obtenir. Le conflit est aussi une forme d’interaction à l’autre.
Il mord parce qu’il est submergé par une pulsion agressive :
Le bébé ne sait pas encore bien contrôler ses pulsions et celles-ci peuvent être agressives lorsqu’il est frustré ou lorsqu’il souffre. La morsure est alors une réaction brutale à une souffrance incontrôlable. Certains bébés retournent cette pulsion d’agressivité contre eux-mêmes et se mordent alors. Il souffre.
Il mord parce que c’est son mode de communication :
Le bébé peut ne pas trouver d’autres moyens de communication. La morsure peut devenir le signal d’alarme pour attirer l’attention sur lui. Par la morsure l’enfant communique et entre dans une relation privilégiée négative avec les autres. Il souffre également.
QUE FAIRE LORSQUE L’ENFANT MORD ?
Face à ces situations, nous pouvons être tentés de perdre patience…et de crier en retour, créant encore plus de confusion dans la tête de l’enfant qui ne saura toujours pas comment réagir.
Afin de garder notre calme, il apparaît comme essentiel de comprendre les raisons de ce comportement en apparence agressif et agir avec bienveillance. Isabelle Filliozat dans son livre « on a tout essayé » (lire l’article sur ma recommandation de ce livre) nous éclaire très bien à ce sujet d’ailleurs et propose un regard intéressant à mon sens sur les solutions à apporter afin d’enrayer ce type de comportement.
Il existe plusieurs solutions pour modifier le comportement des enfants. Celle qui ne fonctionne pas du tout est le recours à la violence car le cerveau de l’enfant sera alors assailli par le stress qui bloquera son apprentissage. De plus, il pensera que la violence est validée puisqu’on en use pour lui demander de cesser d’être violent…Paradoxal.
Donc, il est indispensable de faire preuve de bienveillance et d’empathie afin d’aide le cortex préfrontal de l’enfant à garder le contrôle sur son cerveau archaïque et émotionnel :
- en verbalisant son ressenti : « je vois que les cheveux de ta sœur t’intrigue, demandons-lui si elle est d’accord pour que tu les caresses. Ils sont très doux, n’est-ce pas ? » « Oh, je vois une petite fille très en colère. »
- en l’aidant à développer son empathie : « Qu’est-ce qui s’est passé avec ton frère ? As-tu une idée de ce qui l’a fait pleurer ? Demandons-lui. »
- en simulant des scènes avec des jouets : « L’hippopotame est tombé car le tigre l’a bousculé. Regarde, il a très mal sur le côté. Essayons de le réconforter. Voyons maintenant comment le tigre peut contourner ou inviter son ami à se pousser légèrement (« s’il te plait », « merci »). »
- en encourageant les gestes bienveillants : quand l’enfant agit avec bienveillance, remarquez-le en décrivant ce qu’il a fait afin qu’il comprenne que c’est le comportement adéquat (et qu’il se repasse la scène en pensée afin de la mémoriser).
- avec des plantes : si vous avez une plante verte chez vous, invitez votre enfant à s’occuper d’elle avec vous, à toucher délicatement les feuilles, à lui parler gentiment,…guidez ses mouvements pour lui montrer. Dites à quel point la plante est ravie d’être traitée ainsi.
- pour arrêter un geste, dites « Stop » calmement (mais fermement) au lieu de « Non » . Ainsi, il n’y a pas de confusion de contexte. En effet, « STOP ! » est plus efficace et moins ambigu pour les enfants. Ceci car le «non» est souvent énoncé sur un ton de reproche avec une attitude qui amplifie l’émergence des émotions désagréables (froncement de sourcils), engendrant du stress qui ralentit ou bloque l’apprentissage. Un « stop » est préférable car il est impératif et non blâmant.
Je vous invite à découvrir une astuce pour créer un ancrage positif autour de ce stop via le jeu du STOP & GO !
Le jeu du STOP & GO pour que les enfants écoutent
Afin que ce « stop » fonctionne encore mieux, il suffit de commencer à l’utiliser sous forme de jeu qu’on peut présenter ainsi :
« Je connais un jeu très amusant qui s’appelle le « STOP & GO ! ». Voici les règles : quand on dit « Stop », tout le monde s’arrête et on écoute ce que demande celui qui a dit « stop ». Quand on dit « Go », on peut de nouveau bouger en suivant les nouvelles consignes. »
En gros, il s’agit d’un mélange de « 1,2,3 SOLEIL » et de « Jacques a dit ».
Dans la vie de tous les jours, le « STOP » sera ainsi perçu positivement par l’enfant. Il permettra d’arrêter un geste, de capter l’attention (via la curiosité) et de réorienter (pour éviter un danger notamment).
L’expérience est d’autant plus riche que l’enfant jouera aussi, arrêtant, par exemple, la séquence de chatouilles de son père ou le chant de sa mère. « Stop les chatouilles ! » « Stop cette chanson ! » Ne vous vexez pas pour la chanson… 😉
On gagne quoi ? Les lots de ce jeu « STOP & GO ! » sont magiques. Au choix : un bisou, un câlin, un sourire, un dessin,… Et n’en profitez pas quand même. 😉